Repu, il sorti de la chambre. Sa chemise de coton était outrageusement ensanglantée. Elle collait visqueusement au torse de François. Il l’enleva. La lampe à l’huile s’alluma dans la cuisine, la forte lumière était agressante aux yeux du tueur. « Qu’as-tu fait mon fils ? » demanda calmement le père avant de s’approcher de la porte. La voix rauque, celle de la figure dominante de la famille, refroidit la fureur qui brulait trop ardemment dans le cœur du fils devenu enfant unique. Reprenant ses esprits, François s’assied, muet quasi inerte. L’homme analysait la scène, maugréant chaque parcelle, pendant que l’enfant, bien qu’ayant perdu toute forme d’innocence, dodelinait de la tête. Pierre, sans aucune pause, énumérait chacune des conséquences aux gestes de François. L’esprit du jeune homme semblait distant, incroyablement détaché du drame qu’il venait de causer. D’instinct, d’habitude ou pour quelqu’autre raison, la main gauche paternelle frappa la tête du fils. François se leva lentement, prenant appui sur la table, sa chevelure châtaine cachant son visage offusqué. Les deux hommes se faisaient face. La tension était palpable.
« Qu’oseras-tu faire face a moi? » demanda le père. « Rien que je ne pourrais regretter » rétorqua le fils. Sans attendre quelque réplique, François lança son poing vers Pierre qui le dévia au dernier moment sans pour autant profiter de l’ouverture pour riposter. L’ainé fixait le jeune du regard. Confiant en sa puissance, le jeune homme fit pleuvoir les coups, les bras, les jambes, de gauche et de droites, hautes et basses. Rien ne fit. Le père avait une longueur d’avance sur chaque attaque. Les yeux embrasés de fureur, François pris un recul. Seul le souffle des deux hommes se faisait entendre dans la pièce. Pierre se mis de coté et leva les poings. Étirant un bras, agitant les doigts, il invita son fils à l’affronter de nouveau. L’arrogance du geste ne fut pas apprécié. Hurlant sa rage, le jeune s’élança sur le père, exprimant à chaque estoc manuel le dégout qu’il portait désormais au genre humain. Humanité, peuplade sans mémoire collective pour comprendre l’absurdité des guerres entre civilisation dont seul le désir personnel et immédiat n’avait d’importance. Pierre sentait l’agressivité grandissante au cœur de sa progéniture. Il lança quelques claques, plus insolentes que dangereuse. Chaque fois que sa main effleurait le visage quasi imberbe, il sentait la colère monter au cœur du jeune homme tandis que son sourire s’étendait. François, le cœur battant la chamade, recula une seconde fois. Son regard était enflammé derrière ses cheveux où perlait la sueur du champ de bataille. Cherchant une faille dans la technique de son père, il reprit le combat. Pierre semblais se jouer de lui comme d’un enfant, chaque envois anticipés, chaque frappe évités.